C’est un conte !
C’est un conte !
Ce n’est pas moi qui invente, ce sont les gens d’autrefois… Ce ne sont pas les gens d’autrefois, mais celui qui l’a inventé pour la première fois.
 
Durant le confinement, j’ai lu des contes malgaches à des amis dans leurs jardins. Et petit à petit, j’ai constitué une sorte de répertoire (*) qui a séduit l'écoute de mes auditeurs. Je me suis glissé dans la vivacité de ces récits populaires, émouvants, naïfs, bruts, ancestraux.
La culture du peuple malgache s’est transmise par la tradition orale qui cultive un art oratoire subtile. Les contes de Madagascar sont énigmatiques, ironiques, et malicieux. Emplis d’humour ils restituent l’âpreté et la douceur des jours, avec délicatesse et joie de dire, de s’adresser aux autres humains : Les Chevelus.
Ce qui nous relie à ces récits ancestraux et lointains, c'est le plaisir d’être assemblés en rond, à partager de la parole, à travers ces mythes fantasques et fondateurs, qui nous constituent.
Raphaël SIMONET
http://raphaelsimonet.fr/
 
La vie de l’Homme, c’est comme du crabe que l’on mange ; s’y succèdent chair délicieuse et carapace indigeste.
Les hommes sont comme une grande natte de joncs tressés faite par Zanahary, il faut qu’ils soient unis et solidaires.
 
* Répertoire
Benjamin qui n’a que sa tête, Zatovo qui épousa Ampelamananisa, Rajaribe et Ratovoana, Grand monstre à sept langues et huit genoux, Bao, Monsieur Crocodile et Monsieur Perroquet, Le Roi cornu, Le Petit loqueteux, Jeté à la mer dans un sac, L’origine de la circoncision, L’horrible Petit Monstre des bois, Fleur de silence…
 
THEATRE DU LAC
http://www.theatredulac.fr/index.html
https://www.facebook.com/Théâtre-du-Lac-1826331074291762/
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PROJETS
A L'AFFICHE
« L'idéal serait qu'en tant que créoles réunionnais, nous prenions en main la différence, que nous la cultivions, la protégions, en fassions un joyau ? »
Aude Emmanuelle Hoareau
 
Christian JALMA, dit Floyd Dog c'est à dire : Flamant chien. Terme qui prend un autre sens dans la langue créole : Chien errant porteur de flamme ou encore colère errante. Sur l'Ile de la Réunion, il y a de plus en plus de chiens errants, sans maîtres, chiens sauvages, abandonnés, bannis ou libérés ?
 
La structure du texte, en cours d'écriture, s'inspire librement de la tragédie grecque, tout en ayant pour trame une enquête d'espionnage dont l'action se situe dans les mascareugnes.
Le FBI, relayé par les autorités locales, traque un individu nommé Patrick Elisa. Ses activités de poète, archéologue du quotidien, en quête de mythologies ancestrales et bénéficiaire du RSA semblent suspectes  Tout cela, mais aussi ses modes de penser et d’agir, sa façon de marcher, de manger, de parler, son rythme cardiaque, sa respiration, jusqu’à ses humeurs corporelles… Tout en lui affole les seuils des algorithmes de la NSA, non paramétrés pour les affaires madécasses. D'autant que cet indigent mène une activité compulsive sur facebook.
Le FBI suspectant l’existence de terroristes dormants sur l'Ile de La Réunion, parachute une agent secrète, d’origine afro. Elle va traquer Patrick Elisa, découvrir un nouvel univers où l’énergie poétique chamboule ses visions occidentales.
S'ensuit une sorte de farce contemporaine politico-poétique sur la tectonique des incompréhensions et la mise en fissions de quiproquos, d'idioties, de visions de l'existence radicalement différentes.
Œdipe dans la pièce de Sophocle enquête lui aussi, en quête de lui-même. Son ignorance le protège, sa clairvoyance l'aveugle. Et qui sait si le personnel du FBI ne se convertira pas à la sagesse des Lémuriens ? Ou si les réunionnais pourront abandonner "l'american way of life" ?
 
Un processus d’écriture en lien avec le plateau. En dynamique avec une équipe de comédiens en formation, dans le cadre d’une Résidence à La Cité des Arts. Des essais d’écriture seront mis en jeu quotidiennement, et l’écriture sera nourrie de ces essais scéniques.
Un projet qui pourra aussi impliquer des habitants, des amateurs, avec le désir d'un théâtre en prise sur le monde, qui s'ouvre vers de nouveaux publics dans l'esprit renouvelé de la Décentralisation et de l'Action Théâtrale.
 
Nous avions déjà en 2004 avec Christian JALMA pratiquer cette méthode de travail pour un texte intitulé "PHIL'O'ZOEUFS", que j’avais mis en scène dans le cadre d'un spectacle triptyque qui comprenait aussi un texte de Jean Luc RAHARIMANANA et une "Farce" médiévale en vieux français. Avec une équipe d'artistes malgaches, réunionnais, et français. Production réunionnaise (Théâtre les Bambous de St Benoît, Le Séchoir de St Leu) et française (Centre Charlie Chaplin de Vaulx en Velin, Théâtre de Bourg en Bresse). Avec l'aide du Ministère de la Culture (commande aux auteurs), l'ADAMI, et le département de la Haute-Savoie. Le Centre des Ecritures du Spectacle (Villeneuve lez Avignon), le CRR d'Avignon.
Ainsi des élèves du  Conservatoire d'Avignon (dirigé alors par Pascal Papini) étaient associés au processus d’écriture lors de notre Résidence à La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon. Ces apprentis comédiens mettaient en jeu des tentatives d'écriture que l'auteur faisait au jour le jour. Les élèves eurent ainsi l'occasion de rencontrer et découvrir Christian JALMA : sa recherche artistique, ses travaux, ses projets. Le courant passait très bien car Christian est très chaleureux, généreux ; il mobilise de façon très aigue l'écoute et la curiosité des jeunes ! Cette participation d’apprentis comédiens fut très profitable et pour notre projet et pour les élèves !
 
Créer des Farces en établissant un dialogue théâtral avec les gens d’un quartier ou d’un village.
 
L’équipe artistique est en immersion avec une population en un lieu donné, et s'imprègne de la vie, collecte des histoires vraies ou imaginaires. L'auteur écrit des textes, qui sont mis à l'épreuve du plateau, puis des réceptions des spectateurs. Le processus de fabrication est évolutif, il repose sur le mode de l’échange, de l'écoute, et de la provocation. 
Les frottements aux publics aiguisent l’impertinente pertinence des farces. Car les spectateurs interfèrent en tant qu’objets et sujets du travail des farces.
 
GLOSSAIRE
 
Une farce vient perturber, décoller, arracher une représentation que l’on se faisait d’une chose. On a été trompé, on s’est trompé soi-même, souvent les deux. On y a cru, on avait besoin d’y croire. On a été farci.
 
Des rires accompagnent joyeusement la perte de notre idée, de notre croyance. Les rires d'une farce sont destructeurs. Ils libèrent de l’obsession du sens, ils accueillent avec jubilation le chaos du monde. L'énergie ravageuse d'une farce n’épargne aucun ordre.
 
Au cours d'une farce, le théâtre, dont la fonction civilisatrice est de représenter - de rendre présentable ce qui ne l’est pas : le réel -, permet conjointement des moments de surgissements et d’effractions brutaux de celui-ci. C’est pourquoi une farce abîme aussi nécessairement les moyens du théâtre, qui sont des usages de représentation. Une farce n’est donc pas caractérisée par un style, mais par une fonction dramaturgique, un effet sur les spectateurs : celui de détruire et d’anéantir avec jubilation des représentations du monde, sans proposer de sens de remplacement. La brutalité d’une farce s’oppose aux prétendues "réalités", qui sont des interprétations du réel. Mais au cours d'une farce, ce qui est brut advient en contre-ordonnancement  de ce qui est poli, civilisé et apprivoisé. 
 
Différentes interventions théâtrales dans l’espace public ou privé suscitent donc expressions et réactions des habitants, qui sont collectées en tant que matériaux susceptibles de nourrir le projet artistique. Mais aussi, simplement passer du temps avec les gens, établir des lien, permettent de capter des problématiques associées à des émotions  intenses. D'ailleurs les rires ont souvent partie liée avec l’émotion. Et il y aurait peu intérêt à rire de quelque chose qui ne représente aucun enjeu et qui n’affecte personne. Pour que le rire surgisse, il faut qu’il y ait eu de l’émotion et qu’elle soit levée. Plus l’affect est fort, plus la levée du rire l’est aussi.
Les mots des autres filtrent à travers lui, le traversent, le constituent. C’est avec le filet des voix des uns et des autres, que l’Homme Eléphant trame sa propre parole, et parvient à (se) dire.
Il est un être singulier, monstrueusement fait des Autres. Il est pourtant Un et non pas les Autres. Car les voix des uns et des autres masquent le silence assourdissant de qui n’a pas la parole. Et de leurs bruits sourd un silence ahurissant,
 
« L'autre n'est toujours qu'un détour vers nous. » écrit Rainer Maria Rilke.
 
Joseph Carey Merrick (1862-1890), dit l’Homme Eléphant,  fut célèbre de son vivant. D’abord en tant qu’artiste de foire exhibé en public, puis en tant qu’être pathologique, spécimen difforme de l’humanité, recueilli au London Hospital, visité par la haute société londonienne, dont la reine Victoria.
 
Joseph procurait des sensations spectaculaires à l’espèce humaine. Et vis-à-vis de cette espèce, il éprouvait des sentiments et des attentes démesurées. De fait exclu, vivant isolé, ses relations aux autres étaient  sublimées. Il les rêvait plus qu’il ne les confrontait dans la réalité.
 
On trouve des photographies de Joseph Carey Merrick, des moulages de son crâne, une reproduction de son squelette. Il y a le récit du Docteur Treves (1), le curriculum vitae du Monstre accompagné d’un poème (2). Bernard Pomerance a écrit une pièce de théâtre, David Lynch a réalisé un film, Laurent Petitgirard a composé un opéra sur un livret d'Eric Nonn.
 
Mais la Parole de Joseph Carey Merrick - inouïe, non dite, ou rapportée, interprétée, imaginée par d’autres - pourrait-elle être entendue ?
 
1-« The Elephant Man And Other Reminiscences » by Sir Frederick Treves. Ed. CreateSpace Independent Publishing Platform, 2013.
Le docteur Frederic Treves recueillit Joseph Carey Merrick, dit l’Homme Eléphant, au sein du London Hospital, où il exerçait en tant que chirurgien. C’est dans cet hôpital que l’Homme-Eléphant est mort à l’âge de 28 ans. Treves fut profondément bouleversé par sa relation au Monstre. Le médecin découvrit sa profonde sensibilité, et se prit d’affection pour lui. En même temps qu’il rencontrait cet Autre, sans doute se découvrait-il lui-même ? Apprenant à se mettre à nu, ôtant peu à peu des couches de convenances, de préjugés, de pitié dangereuse ?
 
2-
Tis true my form is something odd.
But blaming me is blaming God;
Could I create myself anew
I would not fail in plaising you.
If I could reach from pole to pole
Or grasp the ocean with a span,
I would be measured by the soul,
The mind’s the standard of the man.
« Farces d'aujourd'hui » de Sébastien JOANNIEZ
« Chiens de feu » de Christian JALMA
« L'homme éléphant » de Raphaël SIMONET